dimanche 13 novembre 2011

La grève, la grève, c'est pas une raison pour se faire mal!

Comme plusieurs milliers d'étudiants, je serai appellée à aller voter la session prochaine pour le vote de grève illimitée pour contester la hausse de frais de scolarité qui affectera les universitaires dès 2012. Évidemment, je suis humaine (et pauvre!) et je trouve absolument exagéré qu'on doive récupérer, en 5 ans, plusieurs dizaines d'années de négligence et d'abus. C'est une hausse annuelle de 325$ par année qui est prévue. C'est beaucoup.

Comme la majorité des étudiants, je m'indigne de cette hausse à la vitesse de l'éclair qui, malgré les revendications et manifestations récentes, aura lieu tel que prévu, selon la ministre de l'éducation Lyne Beauchamp. Le gouvernement ne veut pas plier, ces hausses devaient arriver un jour ou l'autre, ça adonne que ce sera en 2012 et qu'elle affectera tous les futurs et actuels étudiants des universités québecoises.

Personnellement, j'étudie dans une technique au Cégep, je ne prévois pas poursuivre à court terme des études universitaires pour me perfectionner dans mon futur métier; carrière que je pourrai débuter à compter de mai prochain, avec mon diplôme en mains. N'empêche, je me sens interpellée par cette hausse puisqu'elle afflige les gens de ma génération et celles qui viennent ensuite. 

Je suis le genre de fille qui croit qu'en société, on se doit de se tenir les coudes serrés tous ensemble. C'est pourquoi je serai toujours très ouverte à aller manifester et à soutenir ceux qui sont concernés par des mesures gouvernementales que je juge injustes et démesurées. Je n'ai aucun problème à faire ma part et à contester les décisions qui pèsent lourds dans les poches de la société.

Par contre, là où je trouve qu'il y a une limite, c'est de demander aux étudiants de risquer de sacrifier leur prochaine session et donc pour la majorité, de perdre un an dans leur programme pour la grève illimitée.

D'accord, vous allez me dire qu'il y aura vote et que ce sera à nous d'aller faire entendre notre voix pour faire valoir notre opinion là dessus et je vous dis que vous avez raison. N'empêche, quelle sera notre portée à nous les quelques milliers d'étudiants de technique versus tous les universitaires et étudiants en programme collégial pré-universitaire? Nous serons dangereusement en minorité et entre vous et moi, les votes de grève, peu importe la raison qui les ont motivés, ils ont toujours eu la cote positive haut la main.

J'ai 30 ans, il me reste une seule session pour finir mes études. Si la grève illimitée est votée, les chances sont qu'elle dure assez longtemps pour faire annuler la prochaine session étant donné le gouvernement semble plus qu'imperméable à nos contestations. Si c'est le cas. Je devrai passer un an à travailler dans des emplois mal rémunérés en attendant de pouvoir reprendre ma session finale en Janvier 2013. Vous dites que je suis égocentrique? Allez demander aux milliers d'autres étudiants de technique qu'est-ce qu'ils en pensent de cette grève.

Et donc la grève, elle changerait quoi?? Vraiment là??
Elle repousserait de quelques années encore la hausse des frais? Disons-nous le: la hausse est INÉVITABLE, désolante, mais inévitable. Si ce n'est pas dans nos poches que la facture se rend, ce sera dans celles de nos enfants et petits-enfants. 

Certains diront que je suis pessimiste et négative et d'autres diront que je suis seulement réaliste. Je peux être contre la hausse, mais quand même être consciente qu'elle doit arriver un jour ou l'autre. 
Je ne suis pas en train de crier haut et fort que nous devons baisser les bras et se laisser pilier dessus par le gouvernement et ses décisions, je dis seulement que c'est bien beau le communisme, mais un moment donné, les factures rentrent quand même et ça prend des gens pour les payer. Si ce n'est pas des universitaires qui payent, ce sera qui? Mme Talbot qui travaille à la caisse chez IGA? M. Normand qui vend des sous-marins au Subway?
Ce serait plus logique?

Arrêtons d'entreprendre des études dans des programmes qui ne nous mènerons jamais nulle part (j'en sais quelque chose là-dessus) et étudions pour avoir de vrais métiers avec des salaires et des conditions au bout du compte. C'est triste à dire, mais j'ai de la difficulté à avoir de la sympathie pour la fille qui a fait un BAC en percussions, un autre en interprétation théâtrale et un autre en danse et qui chiale qu'elle n'a pas d'emploi et pas d'argent et que le gouvernement la met dans la marde.

Je n'ai pas tant l'impression que la hausse va empêcher les gens d'aller à l'université parce que, de un, j'ose croire que les prêts et bourses vont s'ajuster et de deux, ceux qui veulent vraiment étudier et apprendre un métier qui va leur rapporter, ceux qui veulent y aller pour les bonnes raisons, vont quand même y aller. Je sais que les gens devront s'endetter et non, je ne trouve pas ça logique. N'empêche, j'aime mieux qu'un futur avocat s'endette de 30 000$ ce qu'il remboursera haut la main en sortant de ses études plutôt que ce soit ma mère qui peine à gagner 20 000$ par année qui paye notre facture. 

Aujourd'hui, la ministre Beauchamp confirme que la hausse est inévitable. Je serai officiellement appellée aux urnes (à main levée) à la prochaine session. Ai-je raison d'avoir peur de ne peut-être pas pouvoir exercer mon métier en mai?
J'ai beau être solidaire, mais est-ce que les pros-grève le sont avec moi en risquant de me priver d'un an de salaire, de conditions et d'assurances? Ils en ont carrément rien à cirer.

Contester, d'accord.
Faire une grève illimitée qui va paralyser plusieurs futurs diplômés, non, là ça ne marche pas.

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